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Ceux Qui Prennent

12 février 2010

S. :  « Pour moi aimer c’est se donner du plaisir… »

              

Que voici joliment résumé par ces mots anodins, presqu’aussi sensuels que consensuels, tout ce que pour moi, aimer n’est pas.

                

S. : « L’amour soyons logique ne peut engendre la souffrance quelle qu’elle soit si c’est le cas cela n’est pas de l’amour, le chaud ne donne pas le froid. S’il n’y a pas souffrance alors quelle est la polarité inverse ?

Qu’est-ce que l’amour ?

Qu’est-ce que le plaisir ? »

 

J’ai fini de fendre le bois, le repas chauffe doucement sur le poêle, la chienne couchée devant qui se remet d’une longue course dans la neige, avec entre ses pattes trois chatons. Un autre de ces parasites sur mes genoux, qui a glissé sa tête sous mon pull. Aujourd’hui grand soleil, la montagne transpirait la lumière.

 

« Pour moi aimer c’est se donner du plaisir ». Certes je suis serein, le corps posé là comme un meuble au bord de la tablée commune tandis que je pense très fort… à rien. Pourtant ces mots et ce qu’ils impliquent, ces mots que je connais dans leur intimité depuis très longtemps, partout présents, au cœur de toute violence, de l’obscène arrogance de « notre » espèce, ces mots peignent sur ma toile une ombre de tristesse tenace. C’est par la grâce de ces mots-là que ce monde, le monde de nos enfants, s’épuise et se meurt.

 

A. : « Ces mots Tapale font réagir mon corps par une sensation de creux à l’estomac, et une légère nausée, car des images s’associent en même temps à tout ce que nous faisons pour nous donner plaisir… la liste est longue et les conséquences horripilantes… avoir à ce point mal appris que la folie a pris sens. »

Piqûre de rappel

28 octobre 2008

Pourquoi l’homme se complaît-il dans son malheur ?

 

Juste constat : l’homme se complaît. Dans son malheur dans son bonheur peu importe, pour moi c’est la même eau.

Pourquoi l’homme se complaît-il ?

Dame, pourquoi ne se complairait-il pas ? Le changement est-il chose si facile ? C’est bien naturel après tout. Un ordre établi a ce mérite immense de nous envelopper de connu. Même bancal incompréhensible ou pour partie déplaisant, il rassure et protège. Il forme rempart. Contre l’inconnu. Est-ce un bien, un mal ? Toi seule peut le dire.

 

 

« Je suis toutes les veuves de toutes les maisons solitaires de la terre à leur fenêtre,

Et toute l’innocence heureuse cherchant la souffrance.

Je suis Nature construisant le tonnerre de Nature,

Les roses rouges qui s’épanouissent,

La truite qui fend l’eau,

La lune, martelant les étoiles

Dans le sillage de l’océan…

Je suis tout cela !

Je suis un souffle tourbillonnant !

Ce que vous me croyez être… Je ne le suis pas !

Les rêves diront à vos sens tous mes noms :

Ni à voix haute et dure, ou soudain négligente, sarcastique ou cinglante…

Mais dans un murmure.

Vous avez abandonné un jour de douze heures pour une nuit de douze heures

Afin de vous mêler avec soin à l’éternité !

Alors vous prenez conscience de la cruciale hésitation

Qui prépare une étoile au désir…

Quand vous verrez ma véritable image,

Vous verrez la flamme vacillante d’une bougie.

Alors vous sentirez les échanges solitaires des étoiles.

Souvenez-vous ! Souvenez-vous ! Souvenez-vous ! »

 

(poême de Franck Herbert)

Une affaire de taille

28 octobre 2008

Grand ! Me permets-tu d’essayer de te dire, que tu fais erreur ?

Je ne suis pas grand. Ni petit d’ailleurs. Je n’ai qu’une seule taille : la mienne.

Il est possible que tu me voies grand… comme il est possible que tu te voies petite. Si tu te vois petite c’est que ton regard est faussé, comme est faussé le regard de qui se voit grand. Si tu te vois petite, alors face à l’obstacle ou face à l’ami, tu lèves la tête, et ce qui n’est que brin d’herbe t’apparaît montagne. Si tu te vois petite si tu me vois grand, tu ne te rends pas justice… Se rendre justice ce n’est pas s’abaisser ni s’élever, il y a dans ces deux postures même prétention, de se donner une importance qui n’est pas sienne. Se rendre justice, c’est s’effacer, pour se rendre à sa dimension propre : là où, étant fidèle et égale à toi-même, tout rapport de comparaison est vide de sens, là où tu ne sais plus compter, au-delà de 1. Là où, plus que nourriture, tu te fais nourrissante…

 

T’étonnes-tu alors, de ce qu’en déployant tes ailes, et rendant ainsi plus vaste ton ciel infini, tu me fasses grandir aussi ? Comment ? Ne sommes-nous pas tous deux vivants ? Ne baignons-nous pas dans le même ciel ?

Le singe rit

28 octobre 2008

C’est le calme plat. La vie chez vous bouillonne, et la mienne est au ralenti… Je crains d’être larguée.

 

Ta vie… c’est ta vie.

Elle n’appartient qu’à toi tu comprends ? Tes élans tes désirs, le sac et le ressac de tes fluides, tout cela n’appartient qu’à toi. Tout comme les nécessités profondes, invisibles qui sont à l’œuvre dans ce que tu fais, ou ne fais pas lol.

 

Comparer, imiter, est-ce de cette façon que tu entends t’accorder?

Ton tempo. Ta vie.

Mascarade

28 octobre 2008

… comment l’expliquer ?

 

S., expliquer…

Je pense que tu es la seule à pouvoir le faire. Car l’explication née d’un autre et si pertinente soit-elle, ne pourra que nourrir cette partie de toi dont le rôle est de faire obstacle à la compréhension.

 

(et l’explication née de toi ? à première vue tout autant aliénante elle est pourtant la seule valable à mes yeux, car la seule dont tu puisses accepter d’entendre finalement, en enjambant tes peurs, qu’elle n’explique rien.)

Intention

28 octobre 2008

Peut-être que la question de vivre dans le monde tel qu’il est je ne me la pose pas, ce que je vois c’est que nous avons des tas de réflexes négatifs et quelque soit le monde autour c’est pareil. J’aime bien chercher pourquoi j’ai ces maudits réflexes.

 

Et où traces-tu la limite mon ami, entre le monde autour de toi et le monde dans toi ? Ces «maudits réflexes» sont incrustés dans la matière même de nos songes, en leur abdiquant notre cœur nous gagnons le précieux pouvoir de contraindre, de prendre. Ces maudits réflexes, font le monde tel qu’il est.

Parce que le monde le permet.

On a le monde, qu’on se permet.

Voyons jusqu’où nous pouvons accepter cela.

Et dans ce geste tendre de vie, à quelle inédite promesse nous nous permettons de naître.

 

Est-ce le vent qui porte l’oiseau, ce vent qui ébouriffe ses plumes, qui chuchote la tempête, ou l’aile qui, ployant, fait le vent ?

Chabadabada

28 octobre 2008

L’amitié entre un homme et une femme est-elle possible ?

 

-la réponse du beauf :

Oui. A condition qu’elle soit moche.

 

-le prêtre :

Pouah ! Sorcière, démon, tentatrice ! Hors de ma vue, fille de Lilith !

 

-l’étholopsychologue (cours magistral et pompeux) :

Bonjour. Nous pourrions tout aussi bien nous demander, si l’amitié est possible entre deux homosexuels. Entre un travesti et une nageuse est-allemande, entre un transsexuel et une lesbienne, entre un bisexuel chauve et un coiffeur pour dames, entre un zoophile et une poule naine, entre l’Hermaphrodite de Praxitèle et la Vénus de Milo et même oui même, entre deux hommes ou deux femmes hétérosexuels (nous allons développer ce point), etc etc… Et toujours nous en reviendrions à cet élan fondamental : la pulsion sexuelle. Universelle et naturelle, elle est présente sous une forme ou sous une autre chez tous les êtres vivants dotés d’un mode de reproduction sexuée, elle est nécessaire l’espèce qui en serait dépourvue se trouverait condamnée à disparaître. Et bien-sûr, que ce soit de façon subtile ou grossière, consciente ou non, elle influence toutes nos interactions.

Vous pensez que j’exagère ? Mais voyez plutôt…

Deux sexes : mâle et femelle (ou deux polarités, l’important n’est pas tant l’enveloppe physique de tel individu, que ses conditions psychiques).

Deux cas de figure : complémentarité (mâle/femelle) ou antagonisme (mâle/mâle, femelle/femelle).

Et deux systèmes, ou schémas comportementaux : dans le premier cas les ressorts relationnels sont de l’ordre de la séduction (je veux te plaire). Séduction, conquête, possession. Dans le second cas nous avons un système de compétition (je veux te prouver, me prouver, que je suis au moins aussi attirante, aussi fort). Amusez-vous à réinterpréter vos réactions, vos rapports, à travers ces deux systèmes, pour peu que vous soyiez honnêtes il se pourrait que vous ayiez quelques surprises…

Impossible d’avoir une vue exhaustive du sujet sans évoquer les spécificités propres à chaque sexe, qui conditionnent sa représentation du monde : le saillant et le creux, le glaive qui pénètre et la coupe qui accueille, ce qui impose et ce qui dispose, celui qui veut se vider et celle qui aspire à être remplie… Ainsi que la sphère dominant/dominé. Mais je dois rendre bientôt les clés de la salle.

Bref la véritable question selon moi est la suivante : un individu peut-il s’affranchir de ses pulsions sexuelles ? Si oui pourquoi-comment ? Quelle pourrait être alors la nature de ses rapports aux autres et à lui-même ? Ce sera le sujet de votre prochaine dissertation. Ah mademoiselle S., vous voudrez bien passer à la cass… à mon bureau nous devons parler de votre admission en deuxième année. Les autres, vous pouvez sortir.

 

-le sceptique :

 

Oui C., cette question est bien un classique. Rien que pour ça elle éveille ma méfiance. Elle semble nous inviter à réfléchir sur le sexe, pour mieux nous amuser nous distraire, pendant que mine de rien elle nous imprègne d’une conception de l’amitié qui ne tient pas debout. Hé, quoi ? D’un côté on me chuchote que l’amitié est cette force indéfinissable qui nous rapproche, qui de toi à moi réduit la distance, et de l’autre qu’elle se glisse entre nous, alors que par essence tout ce qui est entre toi et moi nous éloigne…

L’amitié entre toi et moi est-elle possible ? La question est mal posée. Ou plutôt elle est tournée de telle sorte qu’elle est insoluble. Comme tous les classiques qui font notre culture. Voudrait-on me faire tourner en rond, me rendre fou ? Mais si l’amitié était ce don d’écoute, de tolérance, ce don de moi à moi qui me permet de te recevoir, alors je demanderais :

L’amitié en moi, en toi, est-elle possible ?

N’est-ce pas plus simple ainsi ?

 

Si…

C’est même imparable et redonne à chacun la responsabilité de ce qu’il est prêt à SE donner, avant que de prétendre offrir ou plutôt recevoir d’autrui.

C’est pas faux

28 octobre 2008

Pour que notre langage ne soit plus ce système d’habitude

Que l’on trahit en ouvrant la bouche

En respirant, en maniant l’outil,

Parlons vérité.

Quand le corps et l’intellect disent la même chose… c’est la vérité.

Quand les mots et l’absence de mots sont d’accords… c’est la vérité.

Ô mon cœur danse, imagine

Invente ! 

Ta vérité.

 

La seule qui vaille, celle qui te répète inlassablement que tu as déjà reçu tout ce dont tu auras jamais besoin, pour être à hauteur de ce défi qu’est ta vie.

Petite mélodie

28 octobre 2008

Le bonheur qu’est-ce pour toi ?

 

Une notion inventée pour nous faire croire au malheur.

Le Blouf

19 juin 2008

Tu es las de « parler » ?  De l’inconséquence ?

 

Il n’est plus temps de parler tout a déjà été dit des millions de fois tu le sais n’est-ce pas ? Cette démence, qui galope, plus vite toujours plus vite, elle enfle elle accélère, d’une heure sur l’autre son poids change.

 

Que peut-on vraiment faire ou espérer ?

 

Ce que l’on peut faire de mieux c’est peut-être, cesser de se poser cette question lol. J’ai été tenté de baisser les bras, de nombreuses fois mais je n’y arrive pas, je n’ai pas atteint les limites de mes forces. Que faire dis-tu ? Un jour où je voyais mon cœur enchaîné, j’ai tiré sur la longue, longue chaîne et du fond du puits j’ai ramené mes ancêtres, affairés à leur héritage inéluctable. Ils m’ont dit ce que je savais déjà, et j’ai rétribué leurs confidences avec mes derniers lendemains. Mais ceci est anecdotique. Car ce qui tire à l’autre bout de la chaîne ce sont mes enfants. Je dis au bout parce qu’après, rien. Pas la mort non la mort est garante de la vie, pas même une fin, rien.

 

Ils ont si peu de temps

Pour être autre chose que des hommes

Et peut-être, faire mieux que simplement faire face.

Et ils le savent.

 

Oui